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Jean Jaurès est de retour

Revenez un instant dans le temps pour imaginer Jaurès défenseur de la paix. L’Histoire lui a donné ce titre mais on peut parier que pour la meute de son époque c’était un défenseur de l’empire germanique. Il ne manquait pas de raisons « progressistes » pour s’opposer au Kaiser, autocrate honni du pays des droits de l’Homme. Il a fallu ce climat de vindicte médiatique pour que le jeune Raoul Villain passe à l’acte et qu’il soit acquitté cinq ans plus tard. Le grand méchant de notre époque a changé. Dorénavant, c’est l’empire russe de Vladimir Poutine, nouvelle incarnation du mal. Le rôle de Jean Jaurès est tenu par Jean-Luc Mélenchon. La Russie justifie une guerre européenne contre « l’Occident » qui tombe à pic pour les amoureux de la diplomatie étasunienne. Comme dans les années 10, l’extrême-droite est utilisée pour faire le sale boulot. La haine ethnique est utilisée à Kiev et à Paris. Surtout quand les politiques d’austérité sont remises en cause par le mouvement des peuples. Comme on l’a vu dans cette semaine où ont coexisté une marche intersyndicale monstre, tue par les médias, et une affaire de la famille Le Pen, montée en épingle par ces mêmes médias.

Manuel Valls joue le rôle d’un Daladier. Une semaine décisive pour la Grèce ne lui arrache pas le moindre commentaire, occupé qu’il est à son Congrès et à faire voter l’ultralibérale loi Macron, ainsi que l’ultra sécuritaire loi sur le renseignement.

Mais si Jean-Luc Mélenchon joue le rôle d’un Jean Jaurès, les invectives et les propos calomnieux contre lui vont avec.

François Delapierre